Autoportrait

Mathilde Lotteau autoportrait acrylique
Mathilde Lotteau Autoportrait, Peinture acrylique, 80x60

Technique

La supperposition des glacis permet, grâce à la tranparence, de varier les contrastes de lumière et de couleur sans créer de rupture. Les rouges et des verts, couleurs complémentaires, sont les vignes et les raisins de Bourgogne.

 

 

 

Se Peindre

 Réaliser un autoportrait n'est pas une finalité en soi et pour avoir de l'interêt il doit être sincère. C'est un miroir brutal, qui renvoit la vérité seule, qui n'épargne ni ne console mais nous place face à notre propre néant. On se regarde sans se voir. A travers nos oeillères nous filtrons le réel pour ne garder que le plus grand et occulter l'amer. Ce reflet est un mensonge, un faux-semblant, une chimère idéalisée de ce que nous aimerions voir et être. 

    Il est de ces instants où nous nous épuisons, nous ne pouvons plus dissimuler et dès lors, notre véritable visage apparaît, limpide, évident et redoutablement honnête. Seules ces heures perdues nous permettent de contempler notre portrait, de regarder dans les yeux ce mélange de névroses, d'envies, d'échecs, de passions, d'espoirs et de pulsions.

   Si tous ces traits sont alors mis en lumière, une observation distante ne suffit pas a nourrir un autoportrait. Celui-ci naît de l'amas chaotique qui nous compose, il n'est vrai que s'il est la synthèse de notre propre laideur. C'est dans le monstrueux que l'on puise le meilleur, le sincère. Un autoportrait n'est pas la copie d'un reflet, il n'est pas une vitrine. Au contraire, il est une faiblesse, un vice caché, il est la poussière sous le tapis, il est la honte et l'angoisse. Il est tout ce que l'on refoule et rien de ce que l'on aimerait montrer, mais il raconte une histoire, un souvenir et non pas une fable. L'autoportrait est cette mélancolie sous-jacente que Baudelaire appelait le Spleen, un aveux de cette laideur qui nous rend vrais.